Don Carlos

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Opéra en cinq actes
Musique de Giuseppe Verdi
Libretto de Joseph Méry et Camille du Locle, tiré du drame "Don Carlos, Infant de Espagne" de Friedrich Schiller
Traduction italienne par Achille De Lauzières et Angelo Zanardini

 

Acte I

L'action se passe en 1559 dans la forêt de Fontainebleau, durant la négociation de la paix entre la France et l'Espagne : aux termes du traité, l'Infant d'Espagne, Carlos, épousera Élisabeth de Valois (Élisabeth de France), la fille du roi de France Henri II.

Une première scène a été coupée avant la création : dans la forêt de Fontainebleau, les bûcherons et leurs femmes rencontrent la princesse Élisabeth de Valois, fille d'Henri II. Elle les assure que la guerre franco-espagnole, qui les a précipités dans la misère, touche à sa fin, puisqu'un envoyé espagnol vient d'arriver pour négocier le mariage d’Élisabeth avec l'infant Don Carlos, fils de Philippe II. Elle s'en va, suivie par les bénédictions des bûcherons.

 

Afin de rencontrer sa fiancée, Carlos est venu incognito en France : au cours d'une chasse organisée par le roi, il croise Élisabeth, accompagnée de son seul page Thibault, alors qu'elle s'est égarée. Sous prétexte de l'aider à retrouver le château, Carlos l'aborde, et la conversation s'engage entre eux. Élisabeth lui parle de son prochain mariage et de ses craintes de devoir épouser un homme qu'elle n'a jamais vu. Afin d'apaiser ses inquiétudes, Carlos lui montre alors une miniature représentant l'Infant d'Espagne; à la vue du portrait, Élisabeth reconnaît son interlocuteur, et un duo passionné réunit les deux futurs époux, duo vite interrompu par l'arrivée de l'ambassadeur d'Espagne en France : ce dernier vient en effet annoncer la décision du roi d'Espagne, Philippe II, veuf, d'épouser la princesse Élisabeth.

Bouleversée par le sort du peuple, Élisabeth cède, renonçant à l'amour au nom de la raison d'État.

 

Acte II

Premier tableau : Dans le cloître du monastère de Yuste en Estrémadure.

Un moine est en train de prier près du tombeau de l'empereur Charles Quint, tandis que d'autres frères psalmodient dans la chapelle.

Carlos, venu rechercher en ces lieux un apaisement à son chagrin, croit reconnaître la voix de Charles Quint, son grand-père, dans celle du moine en train de prier.

 

Sa méditation est interrompue par l'arrivée de son ami Rodrigue, marquis de Posa. Celui-ci rentre des Pays-Bas où il a été témoin des exactions de l'occupation espagnole et adjure l'infant d'user de son influence auprès du roi en faveur des Flamands. Carlos, de son côté, lui confesse son amour pour la reine, sa belle-mère. Rodrigue lui conseille de s'éloigner de la cour et de partir aider les Flamands. Au moment de se séparer, les deux hommes se jurent une amitié éternelle.

 

Second tableau : Dans les jardins du monastère.

Les dames de la Cour devisent gaiement. La princesse Eboli, belle et intrigante, commence à chanter une chanson. Rodrigue profite de cette réunion pour remettre à la reine une lettre de sa mère (Catherine de Médicis) à laquelle est joint un billet de Carlos. Il supplie ensuite la reine d'accorder une entrevue à ce dernier. Celui-ci paraît et s'enflamme, mais Élisabeth lui rappelle que, désormais, elle est sa mère. Désespéré, Carlos s'en va.

 

Le roi arrive, entouré de courtisans ; il s'étonne de voir la reine seule, ce qui est contraire à l'étiquette. Il décide alors de chasser de la cour d'Espagne la dame d'honneur d'Élisabeth, la comtesse d'Aremberg, qui aurait dû tenir compagnie à la reine. Cette dernière s'efforce alors de consoler l'exilée. Rodrigue profite de cette entrevue avec le Roi pour plaider la cause des Flamands.

Sensible à la franchise du marquis, le roi se laisse aller à des confidences. Soupçonnant une intrigue entre son fils et sa femme, il demande au marquis de ne pas les perdre de vue et lui conseille de se méfier du Grand Inquisiteur.

 

Acte III

Premier tableau : De nuit, une fête à l'Escorial. (Ce premier tableau, souvent coupé, est celui de la création de 1867.)

La fête en l'honneur du mariage bat son plein, et Élisabeth, qui ne se sent pas le cœur de rester, demande à la princesse Eboli de prendre ses vêtements et de se faire passer pour elle dans le ballet La Péregrina qui va être donné. La princesse espère séduire Carlos et lui déclarer enfin son amour au cours de cette nuit.

 

Deuxième tableau : De nuit, dans les jardins de la reine.

Carlos lit une lettre qui lui donne rendez-vous à minuit. Apercevant une femme masquée qu'il croit être la reine, il se précipite vers elle avec des paroles enflammées, mais il s'aperçoit que c'est la princesse Eboli. Se rendant compte de sa méprise, Carlos ne peut cacher sa déception à la princesse qui jure alors de se venger. Rodrigue tente de la calmer, mais en vain. Elle s'en va, menaçante. Le marquis conseille alors à Carlos de lui remettre les papiers compromettants qu'il pourrait avoir en sa possession.

 

Troisième tableau : Devant la cathédrale de Valladolid.

Le roi, la reine, la cour, le clergé et le peuple sont assemblés : des hérétiques condamnés par l'Inquisition vont être brûlés.

Une délégation de députés flamands, avec Carlos à sa tête, interrompt cette exécution. Les députés demandent au roi de bien vouloir écouter leur supplique, mais Philippe les fait arrêter. Carlos, indigné, tire l'épée contre son père, ce qui lui vaut de se faire arrêter par son ami Rodrigue. Le cortège royal repart, tandis que montent les flammes des bûchers.

 

Acte IV

Premier tableau : à l'aube, dans le cabinet du roi.

Philippe II est plongé dans la tristesse de ne pas être aimé de sa femme lorsqu'on annonce l'arrivée du Grand Inquisiteur. Le roi l'a fait venir afin de lui demander s'il peut condamner son fils à mort pour s'être rebellé contre lui. Le Grand Inquisiteur lui répond par l'affirmative et, en contrepartie, réclame au roi la vie de Rodrigue, pour ses idées subversives. Philippe II refuse.

Arrive la reine qui demande justice pour le vol d'un écrin. Philippe II le lui tend, l'ouvre et oblige la reine à reconnaître le portrait de Carlos sur un médaillon. Devant l'accusation d'adultère, Élisabeth perd connaissance.

À l'appel du roi accourent Rodrigue et la princesse Eboli.

Tandis que Philippe II regrette ses soupçons, la princesse avoue à la reine avoir volé elle-même l'écrin pour la faire accuser d'adultère. Elle confesse aimer Carlos et avoir elle-même commis le crime dont elle accusait la reine, à savoir eu une relation avec le Roi Philippe. Élisabeth lui laisse le choix entre le couvent et l'exil.

 

Second tableau : en prison.

Rodrigue rend visite à Carlos en prison. Il lui avoue qu'il est un homme menacé après que l'on a découvert chez lui les documents compromettants que lui avait remis Carlos. Deux hommes pénètrent alors dans la cellule : le premier est en tenue d'inquisiteur et le second tue Rodrigue d'un coup d'arquebuse. En expirant, Rodrigue confie à Carlos qu'Élisabeth l'attend le lendemain au couvent de Yuste.

Le roi, escorté du Grand Inquisiteur et des princes, arrive pour délivrer son fils, mais celui-ci le repousse. On entend sonner le tocsin et le peuple envahit la prison pour délivrer l'infant, mais l'intervention du Grand Inquisiteur décourage le peuple, qui finalement se rallie au roi.

 

Acte V

Dans le couvent de Yuste, Élisabeth est en train de prier devant le tombeau de Charles Quint, lorsque Carlos vient lui annoncer son départ pour les Flandres. Ils se disent adieu au moment où arrive le roi accompagné du Grand Inquisiteur. Celui-ci veut faire arrêter l'infant qu'il soupçonne de vouloir soutenir les Flamands. Don Carlos se défend.

 

À ce moment, un moine arrive : il porte la couronne royale et entraîne Carlos dans les profondeurs du cloître. Le roi et tous ceux qui sont présents sont frappés de stupeur en croyant reconnaître dans le moine l'empereur défunt.

Programme et distribution

Opéra en italien avec surtitres en italien et en anglais
Durée : environ 4 heures et 30 minutes, avec deux entractes

 

Chef d’orchestre | Henrik Nánási
Mise en scène | Claus Guth
Décors | Etienne Pluss
Costumes | Petra Reinhardt
Lumières | Olaf Freese
Vidéo | Roland Horvath
Dramaturgie | Yvonne Gebauer

 

Interprètes
Philippe II | Ildar Abdrazakov
Don Carlo | Piero Pretti
Rodrigo | Gabriele Viviani
Le Grand Inquisiteur | Alexander Tsymbalyuk
Un moine | Giorgi Manoshvili
Élisabeth de Valois | Rachel Willis-Sørensen♭
La Princesse Eboli | Varduhi Abrahamyan
Tebaldo | Maria Knihnytska #
Le Comte de Lerma | Ivan Lualdi ♮
Un héraut royal | Vasco Maria Vagnoli ♮
Une voix du ciel | Désirée Giove #
Premier député | Sebastià Serra #
Deuxième député | Yunho Kim #
Troisième député | Maurizio Bove #
Quatrième député | Ignas Melnikas #
Cinquième député | Giovanni Impagliazzo ##
Sixième député | Antimo Dell’Omo ##

 

♭ Début au Teatro di San Carlo
♮ Chœur du Teatro di San Carlo

#Académie du Teatro di San Carlo / ## Ancien élève

 

Orchestre et Chœur du Teatro di San Carlo
Maître du Chœur | Fabrizio Cassi

 

Production du Teatro di San Carlo en coproduction avec la Latvijas Nacionālā Opera un Balets

Teatro di San Carlo

 

 

Teatro di San Carlo Napoli ; Opéra de San Carlo ; Real Teatro di San Carlo Naples.

 

Le Real Teatro di San Carlo (Théâtre Royal de Saint Charles), son nom d'origine sous la monarchie Bourbon mais connu aujourd'hui simplement comme le Teatro di San Carlo, est une maison d'opéra à Naples, Italie. Il est situé à côté de la Piazza del Plebiscito centrale, et relié au Palais Royal.

C'est l'un des plus anciens lieux d'opéra public au monde, ouvert en 1737, seulement cinq ans après le théâtre Manoel à Malte et des décennies avant les théâtres La Scala de Milan et La Fenice de Venise. 

La saison d'opéra s'étend de fin janvier à mai, la saison de ballet ayant lieu d'avril à début juin. La maison avait autrefois une capacité de 3 285 places assises, mais aujourd'hui elle a été réduite à 1414 places. Étant donné sa taille, sa structure et son ancienneté, elle a été le modèle pour les théâtres suivants en Europe.

 

Histoire de l'opéra

Mandaté par le roi Bourbon Charles VII de Naples (Carlo VII en italien), Charles voulait doter Naples d'un nouveau théâtre plus grand pour remplacer l'ancien, délabré et trop petit Teatro San Bartolomeo de 1621, qui avait bien servi la ville, surtout après que Scarlatti s'y fut installé en 1682 et eut créé un important centre lyrique qui existait bien avant 1700s.

 

Ainsi, le San Carlo fut inauguré le 4 novembre 1737, jour du nom du roi, avec la représentation de l'opéra Achille de Domenico Sarro à Sciro, basé sur le livret de 1736 de Metastasio qui avait été mis en musique cette année-là par Antonio Caldara. Comme à l'accoutumée, le rôle d'Achille est joué par une femme, Vittoria Tesi, appelée "Moretta" ; l'opéra met également en vedette la soprano Anna Peruzzi, dite "la Parrucchierina" et le ténor Angelo Amorevoli. Sarro a également dirigé l'orchestre dans deux ballets comme intermezzi, créé par Gaetano Grossatesta, avec des scènes conçues par Pietro Righini. Les premières saisons ont mis en évidence la préférence royale pour les numéros de danse et ont figuré parmi les célèbres castrati.

 

A la fin du XVIIIe siècle, Christoph Willibald Gluck est appelé à Naples par l'imprésario Tufarelli pour diriger sa Clemenza di Tito de 1852 au théâtre, et Johann Christian Bach en 1761-62 apporte deux opéras, Catone in Utica et Alessandro nell'Indie.

 

1737 : Construction du Teatro di San Carlo

Le nouvel opéra a été conçu par Giovanni Antonio Medrano, architecte militaire, et Angelo Carasale, ancien directeur du San Bartolomeo. L'auditorium en forme de fer à cheval est le plus ancien du monde. Il a été construit au coût de 75 000 ducats. La salle mesurait 28,6 mètres de long sur 22,5 mètres de large, avec 184 loges, y compris celles du proscenium, disposées en six ordres, plus une loge royale pouvant accueillir dix personnes, pour un total de 1 379 places. Si l'on inclut les places debout, le théâtre pourrait accueillir plus de 3 000 personnes. Le fastidieux compositeur et violoniste Louis Spohr a passé en revue les dimensions et les propriétés acoustiques de cet opéra en profondeur le 15 février 1817 et en a tiré la conclusion :

 

il n'y a pas de meilleur endroit pour le ballet et la pantomime. Les mouvements militaires d'infanterie et de cavalerie, les batailles et les tempêtes en mer peuvent y être représentés sans tomber dans le ridicule. Mais pour l'opéra lui-même, la maison est trop grande. Bien que les chanteuses, Signora Isabella Colbran,[Prima Donna de la compagnie d'opéra du Teatro San Carlo et la future épouse de Rossini], et les Signori Nozzari, Benedetti, etc., aient des voix très fortes, seules leurs tonalités les plus hautes et stentoriennes peuvent être entendues. Toute expression tendre a été perdue.

 

Très admiré pour son architecture, ses décorations dorées et ses somptueux coussins bleus (le bleu et l'or étant les couleurs officielles des Bourbons), le San Carlo était aujourd'hui le plus grand opéra du monde[6] En ce qui concerne la puissance du Royaume Bourbon actuel des Deux Sicile, Beauvert note que le design de la maison, avec ses 184 boîtes dépourvues de rideaux était tel que " personne ne pouvait éviter l'attention du souverain " qui avait son accès privé du Palais royal.

 

En 1809, Domenico Barbaia fut nommé directeur des opéras royaux de Naples et en resta en charge jusqu'en 1841. Il s'est rapidement forgé une réputation pour ses productions novatrices et éblouissantes, qui ont attiré à la fois le public et les grands chanteurs à l'opéra.

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