Roberto Devereux

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Tragédie lyrique en trois actes
Musique de Gaetano Donizetti
Libretto de Salvadore Cammarano, d’après la tragédie de Jacques-François Ancelot Elisabeth d’Angleterre

 

Argument

L'action se déroule à Londres en 1598.

L'ouverture a été écrite à l'occasion de la première parisienne en 1838. Elle comporte une variante pour bois de God Save the Queen, passablement anachronique puisque cet air ne remonte pas au-delà du XVIIIe siècle, mais qui en fait le principal intérêt et a justifié qu'elle soit mise au programme des concerts dirigés par Richard Bonynge vers 1970.

 

Acte I

Premier tableau

Au Palais de Westminster.

Scène 1 : Au moment où l'opéra commence, Roberto Devereux, de retour d'une expédition militaire en Irlande, a été accusé d'intelligence avec les rebelles irlandais et vient d'être arrêté. Sara, que la reine a mariée de force au duc de Nottingham, en est secrètement éprise. Lisant l'histoire de la belle Rosamonde, elle ne peut dissimuler ses larmes : All' afflitto è dolce il piante (Les larmes sont douces à celui qui souffre).

 

Scène 2 : Elisabetta dit à Sara qu'elle a consenti à revoir Roberto, sans qui sa vie n'a pas de sens. Elle ne le croit pas coupable de la trahison dont on l'accuse mais le soupçonne de lui être infidèle dans un bel air d'entrée : L'amor suo mi fe 'beata (Son amour me rend heureuse).

 

Scènes 3 et 4 : Cecil, principal conseiller de la reine, lui demande si elle approuve le jugement porté contre Essex. La reine demande des preuves supplémentaires et dit son intention de revoir son favori dans une cabalette où s'exprime la force intacte de son amour (Ah ! Ritorna qual ti spero).

 

Scène 5 : Roberto Devereux est introduit auprès de la reine, lui reproche sa froideur et lui jure sa fidélité. Mais ses protestations mêmes éveillent les soupçons d'Elisabetta. Dans une scène remarquable, Essex se demande si la reine sait qu'il aime Sara tandis qu'Elisabetta mentionne la bague qu'elle lui a donnée autrefois, gage de leur amour : s'il se trouve jamais en danger, il lui suffit de lui retourner cette bague et elle le sauvera (duo : Un tenero core). La reine sort.

 

Scène 6 : Son ami Nottingham promet à Roberto de le soutenir devant le Conseil tout en avouant dans sa cavatine Forse in quel cor sensibile (Peut-être dans ce cœur sensible) que les larmes de sa femme ont fini par éveiller ses soupçons : il l'a surprise en train de broder une écharpe.

 

Scène 7 : Cecil vient appeler Nottingham auprès de la reine, qui serait prête à rendre sa sentence.

 

Second tableau

Les appartements de la duchesse au Palais Nottingham.

Scènes 8 et 9 : Roberto vient retrouver Sara dans ses appartements. Avant de lui faire ses adieux, il lui reproche d'avoir épousé quelqu'un d'autre. Elle se justifie en disant que la mort brutale de son père, pendant que Roberto était à l'étranger, et la pression de la reine l'ont poussée dans ce mariage sans amour. Elle le supplie de retourner à la reine, mais Essex ôte de son doigt l'anneau que lui a donné la souveraine et le pose sur la table tandis que Sara lui remet en échange une écharpe bleue brodée de sa main qu'il jure de porter contre son cœur (duo : Da che tornasti).

 

Acte II

Une splendide galerie du Palais de Westminster.

Scène 1 : Les courtisans sont consternés par ce qui arrive à Roberto.

 

Scène 2 : Cecil vient informer la reine que le Conseil, malgré l'intervention de Nottingham en faveur de l'accusé, l'a condamné à mort. Néanmoins, la sentence ne sera applicable qu'après qu'elle y aura donné son consentement.

 

Scène 3 : Raleigh dit à la reine que lorsqu'on a fouillé Roberto après l'avoir arrêté, on a trouvé une écharpe de soie brodée d'or sur sa poitrine. Elisabetta reconnaît immédiatement l'écharpe de Sara.

 

Scène 4 : Nottingham vient intervenir en faveur de Roberto mais la reine proclame son infidélité (duo : Non venni mai).

 

Scène 5 : Roberto est introduit, la reine lui montre l'écharpe, que Nottingham reconnaît à son tour. Le duc appelle la vengeance divine sur son ami qui l'a trahi. Le trio qui suit (Un perfido, une vile, un mentitore, tu sei) mêle les sentiments de l'ami trahi, de l'amant démasqué et inquiet et de la femme bafouée. Devereux refusant de livrer le nom de son amante et Nottingham cessant de le soutenir, la reine confirme la sentence de mort : Va ! La morte sul capo ti pende. Le trio est un morceau remarquable, dans lequel l'exaspération de la reine s'exhale en longues séquences.

 

Scène 6 : Sur un signe d'Elisabetta, les portes sont ouvertes et la salle se remplit de courtisans. Dans la stretta, le trio devient un ensemble dans lequel tous condamnent, pour des motifs différents, la trahison de Roberto.

 

Acte III

Premier tableau

Au Palais Nottingham.

Scènes 1 et 2 : Sara, d'abord seule, apprend par un serviteur que Roberto a été condamné. Elle reçoit une lettre par laquelle il la supplie de faire parvenir la bague à la reine. Elle décide de faire porter la bague à la reine pour obtenir sa grâce.

 

Scène 3 : Nottingham entre et confronte sa femme à son infidélité. Fou de jalousie, il la confine dans sa chambre jusqu'à l'exécution de la sentence de mort (puissant duo : Non sai che un nume).

 

Deuxième tableau

Le cachot de Roberto à la Tour de Londres.

Scène 4 : Le prélude instrumental de la scène de la prison a souvent été comparé à la scène analogue de Fidelio, mais c'est davantage Verdi qu'il faudrait évoquer ici. Roberto attend sa grâce, car il ne doute pas qu'elle sera accordée dès que la bague sera entre les mains de la reine. Il s'imagine alors s'offrant à l'épée de Nottingham et lui déclarant sur le point de mourir que sa femme lui est restée fidèle en dépit de la tentation : Come une spirito angelico (Comme un esprit angélique).

 

Scène 5 : Mais au lieu de la grâce attendue, les gardes qui viennent chercher Roberto lui apportent l'ordre de se rendre à l'échafaud.

 

Troisième tableau

Au Palais de Westminster.

Scène 6 : Elisabetta est entourée de ses dames d'honneur dans la grande salle du palais et attend avec anxiété la bague qu'Essex saura certainement lui faire parvenir et l'arrivée de Sara, à qui elle veut pardonner aussi et qu'elle veut réconforter. Elle exprime sa volonté de pardon dans une magnifique aria : Vivi, ingrato, a lei d'accanto.

 

Scènes 7 et 8 : Sara entre, apportant la bague. Elisabetta est surprise que ce soit sa rivale haïe qui lui apporte le bijou, mais elle n'en ordonne pas moins de suspendre l'exécution. C'est toutefois trop tard, car on entend au loin retentir le coup de canon qui vient de donner le signal au bourreau.

 

Scène 9 : La reine fait des reproches à Sara. Nottingham avoue qu'il a tenté d'empêcher sa femme de porter la bague à la reine. Elisabetta, folle de douleur, a des visions : la couronne d'Angleterre baignant dans le sang, un homme qui court dans les couloirs du palais en portant sa propre tête, une tombe qui lui est destinée et s'ouvre en engloutissant son trône. Elle déclare vouloir abdiquer en faveur de Jacques Ier, fils de Marie Stuart. Comme le remarque le comte de Harewood : « C'est sans doute la seule cabalette de l'histoire de l'opéra qui soit presque entièrement maestoso ; et l’allegro conventionnel n'intervient qu'aux dernières mesures. »

Programme et distribution

Opéra en italien avec surtitres en italien et en anglais
Durée : environ 2 heures et 40 minutes, avec entracte

 

Chef d'orchestre | Riccardo Frizza
Mise en scène | Jetske Mijnssen
Scénographie | Ben Baur
Costumes | Klaus Bruns
Éclairage | Cor van den Brink
Dramaturgie | Luc Joosten

 

Distribution
Elisabetta | Roberta Mantegna
Sara | Annalisa Stroppa
Roberto Devereux | René Barbera
Le Duc de Nottingham | Nicola Alaimo
Lord Cecil | Enrico Casari ♭
Sir Gualtiero Raleigh | Mariano Buccino
Un Page | Linda Airoldi ♮ (16, 22) / Antonia Elide Facciuto ♮ (19, 25)
Un familier de Nottingham | Ciro Giordano Orsini ♮

 

♭ Début au Teatro di San Carlo
♮ Chœur du Teatro di San Carlo

 

Orchestre et Chœur du Teatro di San Carlo
Chef de Chœur | Fabrizio Cassi

 

Coproduction du Teatro di San Carlo, de l'Opéra National des Pays-Bas, et du Palau de les Arts Reina Sofia – Valence

Teatro di San Carlo

 

 

Teatro di San Carlo Napoli ; Opéra de San Carlo ; Real Teatro di San Carlo Naples.

 

Le Real Teatro di San Carlo (Théâtre Royal de Saint Charles), son nom d'origine sous la monarchie Bourbon mais connu aujourd'hui simplement comme le Teatro di San Carlo, est une maison d'opéra à Naples, Italie. Il est situé à côté de la Piazza del Plebiscito centrale, et relié au Palais Royal.

C'est l'un des plus anciens lieux d'opéra public au monde, ouvert en 1737, seulement cinq ans après le théâtre Manoel à Malte et des décennies avant les théâtres La Scala de Milan et La Fenice de Venise. 

La saison d'opéra s'étend de fin janvier à mai, la saison de ballet ayant lieu d'avril à début juin. La maison avait autrefois une capacité de 3 285 places assises, mais aujourd'hui elle a été réduite à 1414 places. Étant donné sa taille, sa structure et son ancienneté, elle a été le modèle pour les théâtres suivants en Europe.

 

Histoire de l'opéra

Mandaté par le roi Bourbon Charles VII de Naples (Carlo VII en italien), Charles voulait doter Naples d'un nouveau théâtre plus grand pour remplacer l'ancien, délabré et trop petit Teatro San Bartolomeo de 1621, qui avait bien servi la ville, surtout après que Scarlatti s'y fut installé en 1682 et eut créé un important centre lyrique qui existait bien avant 1700s.

 

Ainsi, le San Carlo fut inauguré le 4 novembre 1737, jour du nom du roi, avec la représentation de l'opéra Achille de Domenico Sarro à Sciro, basé sur le livret de 1736 de Metastasio qui avait été mis en musique cette année-là par Antonio Caldara. Comme à l'accoutumée, le rôle d'Achille est joué par une femme, Vittoria Tesi, appelée "Moretta" ; l'opéra met également en vedette la soprano Anna Peruzzi, dite "la Parrucchierina" et le ténor Angelo Amorevoli. Sarro a également dirigé l'orchestre dans deux ballets comme intermezzi, créé par Gaetano Grossatesta, avec des scènes conçues par Pietro Righini. Les premières saisons ont mis en évidence la préférence royale pour les numéros de danse et ont figuré parmi les célèbres castrati.

 

A la fin du XVIIIe siècle, Christoph Willibald Gluck est appelé à Naples par l'imprésario Tufarelli pour diriger sa Clemenza di Tito de 1852 au théâtre, et Johann Christian Bach en 1761-62 apporte deux opéras, Catone in Utica et Alessandro nell'Indie.

 

1737 : Construction du Teatro di San Carlo

Le nouvel opéra a été conçu par Giovanni Antonio Medrano, architecte militaire, et Angelo Carasale, ancien directeur du San Bartolomeo. L'auditorium en forme de fer à cheval est le plus ancien du monde. Il a été construit au coût de 75 000 ducats. La salle mesurait 28,6 mètres de long sur 22,5 mètres de large, avec 184 loges, y compris celles du proscenium, disposées en six ordres, plus une loge royale pouvant accueillir dix personnes, pour un total de 1 379 places. Si l'on inclut les places debout, le théâtre pourrait accueillir plus de 3 000 personnes. Le fastidieux compositeur et violoniste Louis Spohr a passé en revue les dimensions et les propriétés acoustiques de cet opéra en profondeur le 15 février 1817 et en a tiré la conclusion :

 

il n'y a pas de meilleur endroit pour le ballet et la pantomime. Les mouvements militaires d'infanterie et de cavalerie, les batailles et les tempêtes en mer peuvent y être représentés sans tomber dans le ridicule. Mais pour l'opéra lui-même, la maison est trop grande. Bien que les chanteuses, Signora Isabella Colbran,[Prima Donna de la compagnie d'opéra du Teatro San Carlo et la future épouse de Rossini], et les Signori Nozzari, Benedetti, etc., aient des voix très fortes, seules leurs tonalités les plus hautes et stentoriennes peuvent être entendues. Toute expression tendre a été perdue.

 

Très admiré pour son architecture, ses décorations dorées et ses somptueux coussins bleus (le bleu et l'or étant les couleurs officielles des Bourbons), le San Carlo était aujourd'hui le plus grand opéra du monde[6] En ce qui concerne la puissance du Royaume Bourbon actuel des Deux Sicile, Beauvert note que le design de la maison, avec ses 184 boîtes dépourvues de rideaux était tel que " personne ne pouvait éviter l'attention du souverain " qui avait son accès privé du Palais royal.

 

En 1809, Domenico Barbaia fut nommé directeur des opéras royaux de Naples et en resta en charge jusqu'en 1841. Il s'est rapidement forgé une réputation pour ses productions novatrices et éblouissantes, qui ont attiré à la fois le public et les grands chanteurs à l'opéra.

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